S'identifier

Fin des transactions marchandes

Je me demande ce que je suis en train de faire. Pourquoi je fais certaines choses absurdes, ça n'a aucun sens. Comme dit Montherlant, quand on fait quelque chose qui sort de l'ordinaire on nous traite d'inconséquent, ou quelque chose d'approchant. Mon père me dit de me relire à voix-haute quand je m'essaie à l'écriture. Je viens de le faire et déjà j'entends des "qu" à la suite et c'est désagréable à l'oreille. C'est le propre de l'homme de soliloquer. On parle toujours pour Dieu, à mon avis. Quand on parle tout seul, on est sûr que quelqu'un nous écoutera et cette personne c'est pas nous-même, c'est Dieu ! Tout à l'heure je suis allée au conservatoire un jour où je n'avais pas cours, et c'est seulement au dernier moment que je m'en suis rendue compte. Je me suis demandée ce que j'étais venue faire ici et j'ai évité de regarder les gens parce que j'avais honte de mon erreur : je pensais que cela transparassait aussi clairement sur ma physionomie. Mais pour faire naturel je suis quand même montée au deuxième étage comme si j'avais cours. Evidemment, après, j'ai bien vérifié qu'il n'y avait personne pour pouvoir ressortir. Je pensais tout simplement qu'on était mercredi parce que je n'ai pas eu cours comme à l'habitude pour cause de la grève contre Fillon, et comme l'après-midi je suis restée à la maison, et qu'après j'ai regardé ma montre et j'ai vu qu'il était cinq heure dix. J'ai pensé que j'étais en retard.

En route, j'ai rencontré quelqu'un que je n'aimais pas. Pour cacher à quelqu'un je ne l'aime pas, je me montre plus gentille que si je l'aimais. J'ai souri, je lui ai serré la main, et je l'ai invité à venir chez moi. Pourquoi ai-je fait ça ? Je ne me l'explique pas et je désespère de n'être pas assez prévenante pour éviter des imprévus qui me gâcheront toute la semaine. C'est pour ça, j'imagine, qu'un jour ou l'autre les gens reviennent toujours à la charge. Ils profitent de mes moments d'absence. Quel besoin ai-je, d'être aimée de cette personne ?

Ensuite j'étais venue pour supprimer des articles mais au lieu de cela j'en écris un. Je ne sais toujours pas pourquoi et à quoi cela va-t-il bien me servir. Comme par exemple, quand le balayeur du lycée me dit toujours bonjour, quel besoin ai-je de lui faire un signe de la main ? Ce satané balayeur me dit bonjour qu'à moi précisément parce que je suis la seule à lui répondre. 

Précisément je ne fais jamais les choses que je veux faire, parce que je perds énormément de temps pour des choses crétines. Mercredi, cet accompagnement qu'on m'a proposé pour la guitare, je n'aurai jamais dû l'accepter. La fille avait décommandé au dernier moment et on a pensé à moi parce que je suis de nature dévouée et indifférente. J'accepte par indifférence. (Mais il n'y a pas de mérite à être bon quand on n'est jamais méchant. Toujours Montherlant.) Et maintenant cela va me déranger toute ma vie. Je n'aime pas non plus quand je parle trop à des gens, au CDI, ensuite je n'arrive pas à lire. Parce que ça me dérange de leur parler mais ce silence me dérange encore plus. Quelle pitié. 

Oblivion le 08.04.05 à 00:27 dans Augenblick
- Commenter -