Avant d'aller au lycée, le samedi matin, j'ai lu La dame de Pique de Pouchkine, et après, j'ai terminé une pièce de théâtre de Yasmina Reza, Trois versions de la vie. En ce moment, je lis Tendre est la nuit de Scott Fitzgerald qui bouffe l'espace vital de mon cartable par son epaisseur cartonneuse, et que je sors toutes les cinq secondes en cours quand je m'ennuie. Je crois que ce matin je m'ennuyais un peu, alors je suis allée en cours plus tôt que d'habitude, mais je me rends compte que je perds ma vie pendant six heures de cours à ne rien faire dans la journée, et il faudrait l'année prochaine un changement radical qui délimiterait le temps pourri et le temps de la gloire. J'ai décidé, il y a deux mois, que j'allais écrire un script, et depuis que j'ai cette idée fixe (Pouchkine dit quelque part qu'on ne peut jamais avoir deux idées fixes en même temps, je suis d'accord avec Pouchkine) je ne pense plus à grand chose. L'aspect positif dans l'histoire, c'est que pour la première fois, ce que je vis a une fonction et un rôle visuel déterminant pour mon script. Il est rempli de bidules oniriques un peu surréalistes, ça va dans tous les sens, de scénarios inachevés en trames inattendues. Le héros lui même, si on peut appeler ça un héros, est un Pétersbourgeois qui rate son train, qui décide de rester quelques jours de plus à Paris, qui, pendant tout le script, essaie de comprendre la raison d'être de son rêve (qui a causé son retard à la gare), le Nichts et le Sein sartrien, mais le mystère ne sera jamais résolu. En fait, ce script ne sert à rien mais j'aime bien mes idées alors pour l'instant je le garde comme nouveau document sur Microsoft Word. La première moitié est construite arbitrairement, la deuxième moitié n'est qu'un projet pas commencé. Pour rompre le temps et pour me donner l'impression qu'il existe au moins dans ma vie quelque chose appelé "un délai", je suis à la recherche de bibelots phares, qui eux, me donneront l'impression d'une finalité de mes mouvements, d'une concrétisation efficace, en gros, l'argent mal placé (mais le but est de placer l'argent), et des trucs qui pourriront probablement dans un grenier dans cinquante ans ou moins. Toute ma vie n'est qu'un remake de Blow-up.
Oblivion le 14.01.06 à 13:45 dans Augenblick
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