Les Champs-Elysées ? Peuh ! Ne vous y trompez pas ! On peut comparer sans scrupules cette rue plate, utile, sans obstacles mais sans caractère non plus, à une vulgaire route nationale. Tout ce qu'il y a de demi-construit, d'apparence de chantier, de trompe-l'oeil, s'entasse dans ce passage qui n'est pas capable de supporter ni l'ambiance, ni l'architecture, ni le rôle qu'on lui a attribué. Plus j'y vais, moins je supporte l'académisme, la rigidité cadavérique, et la froideur que cette rue exerce sur moi. Les Champs-Elysées est une rue sans intérêt car on ne peut pas s'en passer : on ne choisit pas d'y aller, c'est les Champs-Elysées qui viennent à vous. Ce qui me frappe avant tout, c'est le déséquilibre persécuteur et malsain d'une rue mise en valeur par la fadeur des arbres de banlieue, et la somptuosité à vomir des monuments qui la jalonnent. Ce n'est pas vivant. Je circule dans une rue qui n'évolue pas avec moi et avec qui je me sens séparée par un malentendu inébranlable.
Oblivion le 23.08.05 à 22:32 dans Augenblick
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