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Fin des transactions marchandes

Par la fenêtre, j'aperçois trois filles en costume noir abritées sous un parapluie, l'une a un sac tellement petit que je me demande où elle range ses livres de classe, celle du milieu a une coiffure complètement démente et elle fume une clope, celle à droite tient un petit dictionnaire de poche dans la main en balançant sa jambe droite d'avant en arrière, dans un rythme irrégulier. Je les regarde et j'essaie de deviner ce qu'elles se disent, mais comme je n'y parviens pas j'essaie alors de comprendre la coiffure de la fille se tenant au milieu. Je n'y parviens pas non plus. A droite du préfabriqué il y a un bâtiment et une fenêtre vers le troisième étage, à l'intérieur il y a un professeur qui a l'air très en colère car il marche rapidement en frappant rudement sur la table. Je commence à rigoler car tout se déroule comme dans un film muet : je ne comprends l'attitude du professeur alors il me paraît comique. J'ai envie de dire à Marlène, qui est à côté de moi, combien tout ça me paraît comique. Je tourne la tête mais je m'aperçois que le prof de philo me regarde fixement (depuis combien de temps ?) et je fais immédiatement semblant de travailler, comme tout le monde. Mais mon stylo ne glisse pas sur la feuille quand j'écris et je comprends que je n'ai plus d'encre. Lorsque je relève la tête, j'essaie de deviner ce que le prof de philo, avec acharnement, écrit sur une feuille. Trois minutes plus tard il relève un peu la feuille et je comprends à la forme de l'écriture que c'est ma copie qu'il corrige. Je viens en effet de le lui remettre. J'essaie de me rappeler ce que j'ai bien pu mettre dedans mais je ne m'en souviens plus, je zieute car je ne veux pas qu'il remarque que je le regarde. Des fois je pense que le prof de philo me tient pour une élève intéressante, car j'ai eu treize aux deux disserts qu'il a corrigées. Je m'imagine ce que je répondrais si le prof de philo me disait : "Sophie, à votre dernier devoir vous avez eu 15. Pourrais-je vous parler un moment ?" Je me dis que ça ne m'arriverait jamais car je ne serais pas capable de supporter l'excitation que cela me procurerait, et les seuls qui restent impassibles devant une éloge, sont en général les bons élèves permanents. La concurrence serait rude, car tout le monde veut se faire admirer du prof de philo. Et je recommence à disséquer le sujet comme un bon petit fonctionnaire, car je suis en retard et Marlène a déjà écrit deux pages.

Oblivion le 24.01.06 à 18:46 dans Augenblick
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Commentaires

Il m'a fait sourire, cet article. Mais dans le bon sens du terme.
J'aime bien passer par ici, de temps en temps.

Feu - 25.01.06 à 20:53 - # - Répondre -

Re:

Hey, merci ! Sympa de venir ici ! Je connaissais moi aussi ton joueb, par le hasard des liens.

Oblivion - 27.01.06 à 11:05 - # - Répondre -

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