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Fin des transactions marchandes

Lorsque ma prof de latin me tend ma copie, je m'attends à des reproches, mais elle me dit : "Votre traduction n'est pas mal, c' est très "littéraire", mais attention à ne pas trop vous éloigner du texte." Sur ma copie, je lis 7/10 (pour la traduction) et 9,75/20 en note globale, ce qui est en dessous de la moyenne, alors qu'elle avait bien dit "pas trop mal". Je m'attends à ce que les quelques autres de ma classe, Mélanie, Agathe, Jihane, Rémy aient autour de 15 ou 18 comme d'habitude et je me dis que c'est vraiment la déchéance totale, d'être nulle parmi des élites. Mais en fait, lorsque je me retourne je m'aperçois que Mélanie a 10,5 seulement, et Rémy bien moins que moi. Et je commence à penser tout à fait à autre chose. A la cantine, derrière moi, des gens parlent de la prépa et des difficultés à y entrer. La conversation se déroule comme ça : "Emilie elle m'énerve... Elle dit toujours qu'elle stresse alors qu'elle finit par avoir finalement 17 ou 18 ! En cours de physique, elle a fini par me tuer, elle me disait "le bac je le sens pas" alors qu'elle aura mention très bien, elle n'a pas de souci à se faire ! Le bac, c'est sûr c'est dans sa poche. Elle me disait "la prépa je la sens pas" alors qu'elle y entrera comme dans un moulin ! Ah ! Elle m'énerve, elle m'énerve !" Un peu plus tard, toujours sur les prépas : "Mais c'est sûr, prépa Henri IV c'est un problème, ce n'est pas facile d'y entrer. - Oui mais s'ils favorisent les gens de notre lycée... - Oh et puis c'est les bons élèves qu'ils prennent, pas des mauvais élèves qui sortent de bons lycées."

Forcément on me demande ce que je veux faire plus tard. Je réponds que je veux être sexologue, pour avoir une fois entendu Lucie le dire. Lorsque je disais que je voulais être réalisatrice, les gens me scrutaient de étrangement et je peux deviner leur pensée : "Mais les gens timides comme toi ne peuvent pas vouloir être réalisatrice. Etre réalisatrice, c'est découvrir le monde, un nouveau cercle, se battre verbalement pour être admis." Je réponds alors "sexologue" ou "femme de lettres", ce qui n'est pas beaucoup plus révélateur. Mais vraiment, que voulez-vous que je vous dise. Je suis dans une phase où je réagis au son de la cloche de Pavlov : je suis stressée quand je vois que les autres sont stressés, je commence à me poser des questions quand d'autres m'en posent. Peut-être faisé-je partie de ces gens qui ne méritent pas d'être déçus.

Oblivion le 03.02.06 à 20:42 dans Augenblick
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