Cul-de-sac
Avez-vous déjà fait le tour de mon appartement ? Ce sont les livres qui en délimitent les extrémités. On ne s'y sent à l'étroit que lorsqu'on n'ouvre pas un de ces Folios, de ces 10/18, de ces anciens Lives de Poche à tranches colorées, des centaines et centaines de livres dont vous ne soupçonniez même pas l'existence et qui logent nonchalamment, timidement, avec arrogance ou humilité dans mes rayons. J'ai commencé ma vie en tant que lectrice. "J'y suis, j'y reste" (comme dirait Mac-Mahon), car jusqu'à présent je n'ai pas trouvé d'autres moyens de perdre mon temps. Je vais dans le métro, j'ouvre un livre et en fait je regarde ce que lisent les gens ; ou je ne vais pas dans le métro, et je... euh... ben je lis, tout simplement. Je vais en cours, j'étudie les livres (ou plutôt je fais semblant), ou je ne vais pas en cours, et je congestionne au CDI. Je me fais des amis, des gens qui lisent (forcément), je leur parle de livres, ils me disent ce qu'ils vont lire ou ce qu'ils ont lu, on parle d'aller à la Fnac ou au prochain salon du livre. Je vais dans la cuisine où la radio a des relents proustiens sur france culture. Je vais au rez-de-chaussée, le voisin m'accueille, il me dit qu'il va déménager et que ses cartons sont remplis de livre. Je dors, je rêve d'une adaptation personnifiée de Quo vadis. La nuit dernière, j'ai dénoncé le véritable incendiaire de Rome : Néron ; il a dû lire trop de livres. Dans trois ans, je vendrai peut-être des livres, si tout va bien, pour en acheter d'autres bien évidemment. Au plaisir ! Je vais lire Mauriac, bon appétit.
Mise à jour : Vendredi 29 Juillet 2005, 13:11
Emilie Zola le 23.07.05 à 14:50 dans Augenblick
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