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Fin des transactions marchandes

Le côté Obscur fait la force

C'est donc vrai, que ceux qu'on conduit au supplice s'accrochent par l'esprit à tous les objets qu'ils rencontrent sur leur route... (Dostoïevski, Crime et Châtiment)

J'aimerais connaître la débauche, goûter une vie de scandale, me plonger dans les secrets de la cigarette, revivre même une sous-facette des grands festins romains sous le règne de Néron. Etre Vinicius en période de folie, mourir de honte et susciter l'horreur des gens sont mes raisons de vivre. La mauvaise vie me botte, m'attise, m'allume.

Mais soudain, une force incroyable lui dénoua les bras aussi aisément que des bras d'enfant, et lui-même fut repoussé comme un fétu ou une feuille sèche. Que s'était-il passé ? Stupéfait, Vinicius se frotta les yeux et vit se dresser au-dessus de lui la gigantesque stature du Lygien Ursus qu'il avait rencontré autrefois dans la maison d'Aulus. Le Lygien demeurait impassible. Mais ses yeux bleus fixaient sur Vinicius un regard si aigu que le jeune homme sentit son sang se glacer. Ursus, prenant alors sa reine dans ses bras, sortit du triniclinium d'un pas ferme et assuré. Acté le suivit. Un instant, Vinicius resta comme pétrifié. Puis il se leva d'un bond et s'élança vers l'issue en criant : " Lygie ! Lygie !"  Mais la violence de sa passion, la stupéfaction, la rage et l'ivresse lui fauchèrent les jambes. Il trébucha, se raccrocha aux épaules nues d'une bacchante et demanda, les paupières clignotantes : "Que s'est-il passé ?" Elle, avec un sourire dans ses yeux troubles, lui tendit une coupe. "Bois, dit-elle". Vinicius but et roula à terre. ( Quo vadis, de Sienkiewiecz.)

J'ai choisi le passage, le bon pour moi, pas forcément pour vous. Quo vadis, c'est plus qu'une intrigue sous le règne de Néron, c'est plus qu'une simple reconstitution. Ce qui émane de Quo vadis est la puissance, le lyrisme, la férocité. Quo vadis, plus moderne que le mécanisme de Zola, que ses reproductions de famille-machine, annule, démolit sans scrupule et avec violence. Je ne suis pas malade de la poitrine, mais j'ai ressenti toute part, de la convulsion, de la distorsion avec Vinicius, Pétrone, et Néron, le tremblement interne semblait faire de l'écho. Vincius, c'est le paroxysme ; Pétrone, c'est la froideur héroïque ; Néron, c'est le tout puissant narcissique.Ils font un mélange qui me droguent, me congestionnent... Ce n'est pas seulement un appel au crime et à la démesure, c'est un livre qui dépasse l'originalité et vous fait lever la nuit.

Mise à jour : Vendredi 15 Juillet 2005, 01:53
Oblivion le 15.07.05 à 00:36 dans Augenblick
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Commentaires

Oblivion - 16.07.05 à 12:21 - # - Répondre -

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