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Fin des transactions marchandes

Paroxysme (I)

A) Explicite

Crois-tu que je n'avais pas vu que tu étais comme moi ? Moi seule ai vu ton vrai visage. En fait tu es laide, et d'une façon ou d'une autre ça me réjouit. Mais d'une certaine laideur, particulière, et qui font frémir les autres laids : sous cette laideur se niche la peur et la lâcheté. Toujours à te trouver des excuses, à te convaincre qu'on n'est pas dans un monde manichéen, à te dire que de toutes façons, les notions abstraites telles que le mal ou le bien, le laid ou le beau, ne règnent que dans un univers extrême de simplicité qui ne te mérite pas. Quand tu te dis que tu es laide, une autre voix fait écho, et elle, qui répond que tu schématises. Avec ce corps, cette façon de se tenir, toujours en décalé, qui dit :"Moi je ne suis pas comme tout le monde", on a forcément une vie spéciale, on connaît des gens spéciaux, qu'on essaie de connaître et même d'aimer. C'est normal et ça ne te surprend pas. Mais ce que tu hais le plus, c'est cette souffrance précisément qui te ronge, celle d'avoir peur de faire souffrir, et même, rongée par la culpabilité de n'importe quoi, de te vendre comme pour te racheter, . Tu entretiens ceux envers qui tu penses être coupable dans l'illusion d'une incertaine réciprocité. Penser qu'on pourrait t'aimer moins t'horripile ; penser qu'on pourrait t'aimer malgré tout te congestionne. Condamner même ces pensées, parce que tu te dis que c'est trop à fleur de peau et donc méprisable, peux-tu changer ce registre assommant ? La bête qui tue, c'est toi, c'est l'oppression de se sentir toujours coupable. Tu empêches les autres de vivre, et te fais passer pour innocente. Tu te veux scientifique, neutre, concrète, et académique ; mais tu as oublié que la pureté venait rarement du rachat, mais de la distillation.

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Oblivion le 09.05.05 à 22:36 dans Augenblick
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