S'identifier

Fin des transactions marchandes

En plus, elle n'a pas eu le temps de souffrir

Hier soir, j'ai fait ce rêve. C'était vraiment précis, hein. Quand vous rêvez d'habitude, vous vous rappelez plus de l'emplacement de chaque objet et tout et tout, et là, j'aurais pu parier qu'il y avait sur le piano ce vieux métronome en bois qui faisait clic-clic et ces rideaux (rouges). Bon dieu. Y'avait cet escalier, je ne voyais que ça, au départ, cet escalier raide qui craquait quand on marchait dessus. La maison était vraiment belle. Pas grande ni rien, elle était belle, ancienne, une sorte de maison datant de la première guerre mondiale. Vous auriez dû vraiment voir ça, j'vous jure. Le truc c'est que je voyais tout ça dans un rêve. La coupe de fruits sur la table de cuisine juste à côté du salon, le pain, et tout et tout. Et pour une fois, dans mon rêve, je n'étais plus spectatrice. D'habitude je le suis, et quand je rêve je rêve de n'importe quoi et je ne peux rien y changer. Là, non, c'était cohérent, chronologique, ordoné, réaliste. Je devais être une petite fille brune, dedans. Alice, je crois que c'était son prénom, parce qu'à un moment le vieux couple (qui étaient supposés être mes grand-parents) m'appelaient tout le temps "Alice ! Alice!". Et puis à un moment: " Alice ! Ta camarade de jeu est là, viens donc lui dire bonjour".
Bon dieu. Ma camarade de jeu. Vous auriez vraiment dû la voir. Vraiment mignonne, en boucles blondes et robe blanche, comme une petite princesse. Elle s'appelait Aglaëlle, je crois. Une petite fille mignonne comme elle, avec un prénom de malade. ça m'a tuée. J'ai fait: "Bonjour Aglaëlle. Tu viens jouer ?" Ah, j'avais oublié de vous dire qu'on avait un chien, aussi. Une sorte d'épagneul ou je sais plus trop quoi, ça par contre c'était pas trop net, tout ce que je sais c'est qu'à Noël le couple de vieux me l'avaient offert pour mes dix ans. ça aussi, c'est vraiment étrange, les événements passés étaient comme ancrés en moi, je savais qui j'étais et tout dans le rêve, qui étaient mes parents, ce que je faisais hier et tuti quanti. J'avais une identité différente. Le chien était vraiment enragé ce jour-là, mais Aglaëlle s'en tapait complètement. Elle m'a pris la main et m'a embrassée sur la joue comme une bonne vieille copine, et quand le chien a sauté sur elle, elle s'est exclamée: "Chouette, un chien ! On va drôlement s'amuser, dis ! Tu l'as eu à Noël ?" Je n'avais pas eu le temps dire "Ou.." que le chien mordait déjà à sa cheville comme un damné de chien enragé qu'il était. Elle n'a pas hurlé, elle a été tellement brave. Juste un peu les larmes aux yeux, sans doute. La morsure s'enflait, ça devenait grave. Moi je n'ai rien dit pour le chien et la morsure, tout d'un coup c'était comme si plus personne n'était dans la maison, il n'y avait que nous deux, désemparées. Elle est montée à l'étage "dans ma chambre", sa cheville boitait un peu.
Un truc que j'ai oublié de vous dire. Sur l'escalier raide, il y avait une marche de cassée. Elle a glissé dessus, elle est tombée la tête renversée (ses yeux me fixaient d'une leur tellement étrange) et puis elle est morte. Aglaëlle. Morte. Putain.
Jamais je ne m'étais sentie aussi triste et vide au réveil. Pour quelqu'un que je ne connaissais que dans un damné de rêve. Vous auriez dû voir, mon oreiller qui était mouillé.

Oblivion le 01.01.05 à 15:59 dans Augenblick
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Commentaires

Style d'écriture inspiré de l'Attrape-coeurs de Salinger, sur cet article, non ?

Antigone - 05.01.05 à 18:07 - # - Répondre -

Re:

Oui, je venais de finir le livre, et j'étais encore très fortement influencée...

Oblivion - 09.01.05 à 16:32 - # - Répondre -

Re: Re:

Au fait ,tu peux me decrire le caractère du héros de l'histoire please ,ça me faciliterait le travail pour dans 2 semaine en anglais;) !

meruru - 13.01.05 à 16:26 - # - Répondre -

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